André Benoît et Charles Munier, Le Baptême dans l'Église ancienne (Ier-IIIe siècles)

Berne, Éd. Peter Lang, 1994, collection " Traditio christiana " IX, xcv et 276 p.

 

Hinweis: Diese Rezension übernehmen wir mit freundlicher Genehmigung aus der Revue de droit canonique (Strasbourg).

 

La retraite active de nos deux collègues strasbourgeois nous vaut cet excellent et très utile recueil de textes sur les pratiques baptismales dans l'Église ancienne. Selon les usages de la collection, le volume propose des documents, numérotés de 1 à 218, dans le texte original, quand il s'agit du grec et du latin, et avec la traduction française, une édition avec traduction allemande étant également disponible. La palette des documents retenus est large : textes juifs, enseignements et règlements de l'époque apostolique, littérature pseudo-apostolique, premiers théologiens chrétiens, écrits gnostiques, passions de martyrs, décisions conciliaires, inscriptions. Une substantielle introduction présente les institutions baptismales, depuis les pratiques de Jean Baptiste jusqu'à la veille du concile de Nicée (p. xi-xxxv), et la théologie du baptême, de saint Paul à Origène et Cyprien (p. xxxvi-lxxv). S'y ajoutent une abondante bibliographie (p. lxxv-xciv) et des tables (citations bibliques, répertoire des documents, index analytique, p. 263-276). Ce volume témoigne à son tour de l'importance scientifique de la collection Traditio christiana et des principes qui la gouvernent, essentiellement en raison de l'accès direct aux documents, présentés à l'état brut, les indications pour leur compréhension étant fournies dans une introduction. En ce qui concerne les pratiques baptismales primitives, c'est certainement la meilleure façon de procéder. La sélection opérée par les deux auteurs dans la documentation des trois premiers siècles reflète très justement la situation de cette époque, où les Églises étaient en quelque sorte livrées à elles-mêmes, une grande part de leur énergie étant absorbée par la lutte pour la survie, au gré des persécutions, dans un certain isolement les unes par rapport aux autres et sous la menace de contaminations par les courants religieux ambiants, du judaïsme au paganisme, en passant par toutes les variantes gnostiques et autres. Cette époque n'a permis qu'une lente émergence vers l'harmonisation des pratiques liturgiques et canoniques, ce dont l'introduction rend compte avec justesse. L'accès direct aux textes permet au lecteur de poursuivre ses propres recherches, sans être lié par les hypothèses présentées, et je n'ai pas manqué de me livrer à une telle opération à propos de la prétendue Tradition apostolique. Dans ce document, en effet, il n'est pas fait mention des fêtes pascales comme période baptismale (n° 130), c'est dans le Commentaire sur Daniel qu'est justifiée la haute convenance de la Pâque pour le baptême (n° 128). Or non seulement l'attribution de la Tradition apostolique à un certain Hippolyte de Rome est des plus hypothétique, ce qui semble admis dans l'index p. 272, où ce document est classé à part, mais même l'identité de cet Hippolyte n'est pas assurée, puisque saint Jérôme lui-même ignorait de quelle cité l'auteur du Commentaire sur Daniel était évêque (voir J. P. Bouhot, " L'auteur romain des Philosophoumena et l'écrivain Hippolyte ", dans Ecclesia Orans 1996/1, p. 147). Si la publication de ce neuvième volume de la collection Traditio christiana répond très utilement à l'attente des chercheurs, on regrettera cependant que la légendaire précision qui a fait la célébrité de l'horlogerie suisse ne se soit pas entendue à l'édition, la haute qualité scientifique de cette publication étant quelque peu ternie par les fautes d'impression qui ont subsisté et dont saint Cyprien lui-même (n°  171-197) a été victime, puisqu'il a été oublié dans la table des citations patristiques (p. 270).

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Marcel Metzger