Jocelyne Cesari, Être musulman en France aujourd'hui

Paris, Hachette, 1997, 238 p.

 

Hinweis: Diese Rezension übernehmen wir mit freundlicher Genehmigung aus der Revue de droit canonique (Strasbourg).

 

Ce volume contient également une documentation fournie. Il recense, outre les cinq prescriptions majeures (les cinq piliers de la sagesse) que sont la profession de foi, la prière, l'aumône, le pèlerinage et le jeûne au mois de Ramadan, certains actes recommandés ou répréhensibles. Les différentes phases de la prière, les étapes du pèlerinage sont détaillées, ce qui permet de comprendre des événements qui, pour être souvent médiatisés, demeurent cependant mal connus. On découvre les diverses cérémonies et qui accompagnent naissances, mariage et décès.

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L'Islam est à la fois une religion et un mode de vie, un culte et une culture. De ce fait, s'il y a conformité, dans le pays d'origine, entre le style de vie et les prescriptions de l'islam (séparation des sexes, abattage des animaux de boucherie...), le déracinement amène une difficile confrontation avec le milieu majoritaire.

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Mais le mérite essentiel de l'auteur est de faire comprendre et presque partager les difficultés de cette population. Difficultés individuelles : pour les pères qui voient se modifier les conditions d'exercice de leur autorité ; mais surtout pour les filles qui se trouvent à l'interface de milieux où le modèle féminin est très différent. Difficultés collectives également, car, après s'être considérés comme sujets " de passage ", les musulmans ont revendiqué leur intégration et le respect de leur identité cultuelle et culturelle ; cela au moment où la crise économique les reléguait dans la précarité et la marginalité et où le contexte international (Iran, Irak, Algérie) réveillait des fantasmes et favorisait dans les mentalités la liaison Islam-banlieue-intégrisme-terrorisme.

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Tiraillés entre tentation de durcissement ou de réislamisation (port du voile par exemple), pour affirmer leur identité et retrouver un référent culturel, et volonté de s'intégrer en acceptant un compromis, les musulmans de France ne parviennent pas à se structurer et à se faire représenter auprès des autorités françaises. De son côté, la France, habituée à cantonner le culte hors de la sphère publique, peine à insérer l'islam, deuxième religion du pays, dans un cadre laïc républicain. Le fait de " reconnaître ", sous une forme ou une autre, la confession islamique pourrait aider à la prise en compte de la dimension sociale des religions, de toutes les religions.

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Claude Lhuissier Noël